Marie s’éveille.

Une fois n’est pas coutume, Marie s’est éveillée vers 4h 27 du matin, cette belle nuit de décembre 2022 dans cette bonne ville de Lyon, sacrifiée au dieu de l’écologie.

Doudou le maire qui n’est pas doux a atterri par hasard dans un fauteuil visiblement trop grand pour lui.

Et une grande décision : Lyon retourne au temps des coupe gorge, car les rues sont éteintes pour économiser de l’énergie. Dans d’autres temps il y aurait eu réflexion, et aménagement, comme si nous vivions en démocratie. Mais voilà, comme nous sommes un peuple stupide et autoritaire ceux qui ont reçu la lumière se doivent de nous l’imposer comme un choix que nous aurions fait.

La ville des lumières s’est encore une fois couverte de ridicule ce 8 décembre, ou plutôt pendant quatre jours durant lesquels comme il faut faire des économies d’énergie le spectacle était réduit au strict minimum.

Nous sommes pitoyables.

Heureusement la ville a ouvert un magasin pour vendre l’esprit des lumières.

Alors Marie pense à la ville, sa ville, celle qui fut ravagée par la peste, mal entretenue et construite de bric et de broc. Ses quartiers de terre emportés par les fleuves et rivières mal maitrisés. Les caves inondées, et les rats qui envahissent les rues. De grands incendies aussi, et des hommes qui s’éreintent et s’épuisent à monter des rouleaux de tissus entre la colline qui prie et celle qui travaille.

L’éclairage des rues a été un grand progrès, et les promeneurs nocturnes appréciaient le côté rassurant des coins de rue.

Cette nuit, il lui semblait qu’elle se retrouvait dans la ville des années 40 durant lesquelles le couvre-feu était imposé par l’occupant afin d’empêcher les bombardements des alliés. Ils avaient à juste raison fort peur, et même si Barbie régnait en maitre de la torture, rien ni personne ne pouvait empêcher les radios d’émettre et d’être écoutées. Il fallait coller du papier noirci sur les fenêtres. Sa grand-mère lui racontait les multiples entorses que tous pratiquaient, et l’humour qu’ils pratiquaient à l’encontre de ces hommes de l’est qui éteignaient les feux de la vie.

Alors Marie regarde les ombres et le vide de la rue. Comment réussir à échouer écrivait Watzlavick. Marie s’imagine avoir fait un bond en arrière de 80 ans, voir plus.

Elle s’imagine comme elle n’est pas loin de la place des Terreaux, de la voir couvertes des cadavres que les survivants ne pensaient même pas à transporter, la Saône encombrée des cercueils que l’eau avait retiré de la terre du cimetière de Saint Nizier.

Puis cette place ruisselante du sang des suppliciés de la « révolution » mêlant celui des innocents à celui des gênants pour l’accès aux richesses.

Elle ressent les camion qui circulent dans toutes les rues, cherchant à trianguler les émetteurs afin de détruire les opérateurs dans cette obscur champ de tir du fort Montluc.

Et les voisins qui dénonçaient à la gestapo ceux qui écoutent radio Londres au lieu de radio Paris (radio Paris ment, radio Paris est allemand).

Les mêmes qui allaient place Bellecour raconter qu’ils avaient cru entendre des prières pas catholiques et que si c’était de la juiverie, ils rachèteraient bien les murs de leur commerce, au cas où, et que d’ailleurs ils trouveraient dans la bibliothèque en bas à gauche une photo qui prouve. Et les voilà à la fin de la guerre gros, gras et triomphants de leur dénonciations anonymes ou presque, et prêt à témoigner des filles qui avaient couché avec les allemands, qu’il fallait tondre, marquer de croix gammées et faire défiler seins nus afin que l’opprobre publique se porte sur eux, et qu’elles ne soient considérer que comme des animaux méprisables.

Sur les toits elle pense voir les snippers de l’autorité susceptibles de tirer sur tout ce qui est lumière.

C’est cette nuit que Marie a décidé qu’elle ne finirait pas sa vie sous cette dictature, et qu’elle allait rechercher le soleil.

Marie s’éveille.

Une fois n’est pas coutume, Marie s’est éveillée vers 4h 27 du matin, cette belle nuit de décembre 2022 dans cette bonne ville de Lyon, sacrifiée au dieu de l’écologie.

Doudou le maire qui n’est pas doux a atterri par hasard dans un fauteuil visiblement trop grand pour lui.

Et une grande décision : Lyon retourne au temps des coupe gorge, car les rues sont éteintes pour économiser de l’énergie. Dans d’autres temps il y aurait eu réflexion, et aménagement, comme si nous vivions en démocratie. Mais voilà, comme nous sommes un peuple stupide et autoritaire ceux qui ont reçu la lumière se doivent de nous l’imposer comme un choix que nous aurions fait.

La ville des lumières s’est encore une fois couverte de ridicule ce 8 décembre, ou plutôt pendant quatre jours durant lesquels comme il faut faire des économies d’énergie le spectacle était réduit au strict minimum.

Nous sommes pitoyables.

Heureusement la ville a ouvert un magasin pour vendre l’esprit des lumières.

Alors Marie pense à la ville, sa ville, celle qui fut ravagée par la peste, mal entretenue et construite de bric et de broc. Ses quartiers de terre emportés par les fleuves et rivières mal maitrisés. Les caves inondées, et les rats qui envahissent les rues. De grands incendies aussi, et des hommes qui s’éreintent et s’épuisent à monter des rouleaux de tissus entre la colline qui prie et celle qui travaille.

L’éclairage des rues a été un grand progrès, et les promeneurs nocturnes appréciaient le côté rassurant des coins de rue.

Cette nuit, il lui semblait qu’elle se retrouvait dans la ville des années 40 durant lesquelles le couvre-feu était imposé par l’occupant afin d’empêcher les bombardements des alliés. Ils avaient à juste raison fort peur, et même si Barbie régnait en maitre de la torture, rien ni personne ne pouvait empêcher les radios d’émettre et d’être écoutées. Il fallait coller du papier noirci sur les fenêtres. Sa grand-mère lui racontait les multiples entorses que tous pratiquaient, et l’humour qu’ils pratiquaient à l’encontre de ces hommes de l’est qui éteignaient les feux de la vie.

Alors Marie regarde les ombres et le vide de la rue. Comment réussir à échouer écrivait Watzlavick. Marie s’imagine avoir fait un bond en arrière de 80 ans, voir plus.

Elle s’imagine comme elle n’est pas loin de la place des Terreaux, de la voir couvertes des cadavres que les survivants ne pensaient même pas à transporter, la Saône encombrée des cercueils que l’eau avait retiré de la terre du cimetière de Saint Nizier.

Puis cette place ruisselante du sang des suppliciés de la « révolution » mêlant celui des innocents à celui des gênants pour l’accès aux richesses.

Elle ressent les camion qui circulent dans toutes les rues, cherchant à trianguler les émetteurs afin de détruire les opérateurs dans cette obscur champ de tir du fort Montluc.

Et les voisins qui dénonçaient à la gestapo ceux qui écoutent radio Londres au lieu de radio Paris (radio Paris ment, radio Paris est allemand).

Les mêmes qui allaient place Bellecour raconter qu’ils avaient cru entendre des prières pas catholiques et que si c’était de la juiverie, ils rachèteraient bien les murs de leur commerce, au cas où, et que d’ailleurs ils trouveraient dans la bibliothèque en bas à gauche une photo qui prouve. Et les voilà à la fin de la guerre gros, gras et triomphants de leur dénonciations anonymes ou presque, et prêt à témoigner des filles qui avaient couché avec les allemands, qu’il fallait tondre, marquer de croix gammées et faire défiler seins nus afin que l’opprobre publique se porte sur eux, et qu’elles ne soient considérer que comme des animaux méprisables.

Sur les toits elle pense voir les snippers de l’autorité susceptibles de tirer sur tout ce qui est lumière.

C’est cette nuit que Marie a décidé qu’elle ne finirait pas sa vie sous cette dictature, et qu’elle allait rechercher le soleil.

Par défaut

Marie se marre

Tout a commencé par un message sur Face de Book. A l’origine avant de devenir une pompe à fric, ce système était destiné à arranger des rencontres entre étudiants, avant de devenir une base d’expression pour de nombreuses personnes n’ayant rien à dire, et s’en vantant. 

Marie aime organiser ses cours de fac autour de vrais échanges.

C’est ainsi qu’elle rencontre un commentaire intéressant sur un article du Républicain Lorrain, intitulé : Soignants non vaccinées, on nous laisse sur le trottoir sans rien ».

Une certaine Valérie commente :

Après autant de temps, le Républicain Lorrain commence à lever l’omerta. 

Le vent tournerait-il ?

Marie, sent l’espoir : enfin pourquoi ne pas donner le droit de conduire à des personnes n’ayant plus de permis ? 

Et puis le grand mot, « omerta » la loi du silence. 

Cela sent bien le complot… Nous voilà dans une séance de dissection qui va occuper une matinée.

Bien sûr il y a le « enfin » marque que la lutte fût longue.

Marie pense qu’il faut poursuivre et relève :

« Vous êtes charmants ! Vive le complot, et bien sur la presse, comme au bon vieux temps. »

La réponse ne tarde pas, à croire que la fameuse Valérie dort avec Facebook… Peut être le seul artifice pouvant lui donner du plaisir.

« La brebis ayant chanté

Tout l’été,

Se trouva fort dépourvue

Quand la bise fut venue :

Pas une moindre information réelle

Pas une actu qui tienne la route.

Elle alla crier famine

Chez la complotiste sa voisine,

La priant de lui donner

Quelque info pour comprendre

Ce qui lui arrive dans la face.

« Je vous paierai, lui dit-elle,

Avant l’Oût, foi d’animal,

Intérêt et principal. »

La complotiste en a plein l’cul:

C’est là son moindre défaut.

Que faisiez-vous au temps chaud ?

Dit-elle à cette emprunteuse.

 Nuit et jour à tout venant

Je chantais, regardant la tv ne vous déplaise

Vous chantiez ? j’en suis fort aise.

Eh bien! Pleurez maintenant.

Tout est dit : le bon et le mauvais, avec cette petite pointe de vulgarité qui va si bien à notre complotiste qui se laisse aller à en « avoir plein le cul ».

Elle sait où se place la Vérité, elle qui aime le doute et la réflexion.

Et puis l’autre c’est l’ennemi, victime de la presse et des média, thème classique des pensées uniques et fascisantes.

Marie se décide à se révéler : 

« Tous ces ignorants se pensant sachant alimentent mon cours sur les piapiateuses et piapiateurs. 

Les protections et préventions contre le covid ne peuvent que revenir… 

Ce qui peut être positif sera la mise à l’écart des porteurs.

Voir les thèses fumeuses d’un certain joueur de tennis exclu des USA. (Djokovic non admis au USA car non vacciné.)

Nous en reparlerons … plus tard…beaucoup plus tard.

C’est également un thème classique sur la vérité qui surgit du mensonge au bon moment, même si cette dernière tardant à venir laisse les Détenteurs dans une expectative dramatique.

Petit tour par le profil, ce qui n’est pas une vérité, mais un indicateur directionnel : Metz, un beau port de pêche, pas de renseignement emploi ou formation…

Les publications sont instructives : complot, quand tu nous tiens !

Il faut trouver « la faute à qui » !

Une femme qui a trouvé la composition de l’univers et qui n’a même pas une plaque commémorative (où elle est cela doit la déranger …)

Le plus illustrant est un commentaire de JD Michel qui fait resurgir une époque bien sale de l’histoire l’inquisition, avec une image bien glauque d’une jeune femme allant subir la question :

Peut être une image en noir et blanc de 3 personnes et intérieur

« Les autorités de santé ont agi comme des Grands Inquisiteurs, plus intéressés à étiqueter des hérésies qu’à laisser la vérité émerger d’un débat ouvert. J’ai vu beaucoup de bigoterie et de fermeture d’esprit en santé publique et bien peu de bonne volonté. »

Pr Jay Bhattacharya, épidémiologiste de réputation mondiale (Université de Stanford)

Nos pires bigots et fanatiques ? Antoine Flahaut, Samia Hurst, Didier Pittet, Mauro Poggia & Alain Berset & Rebecca Ruiz et autres « gouvernants », Bertrand Kiefer, les CHUVHUG, les médecins cantonaux, la « Task Farce », les parlementaires etc. nourris par une presse imbécile et irresponsable.

Comment la folie totalitaire s’est-elle répandue au sein des pseudo-élites ? Ce sera un travail passionnant pour les historiens et les psychopathologises. Les dégâts – en particulier sur les enfants et les jeunes- mettront par contre des décennies à être soignés…

Tout est dit ici. Et il faut vérifier… La première porte sur cet homme célèbre de bien sûr une université célèbre et américaine. Dommage que le réseau sacré d’internet en ignore l’existence : Bhattacharya. La litanie des noms énoncés n’a pas plus de signification.

Règlement de compte à OK Corral, et cette sourde menace pour l’avenir des enfants. 

Toujours vérifier, et être certain que les prophètes de mauvais augures ne sont pas les bienvenus chez nous.

Nous voilà bien mal partis. Comme disent les jeunes « même pas en rêve ».

Nous avons ici tous les ingrédients du totalitarisme, communiste ou fasciste.

La certitude de la vérité détenue, et ce à grand peine.

Une sorte de commisération primitive et condescendante pour ceux qui ne sont pas de la tribu.

Une attente d’une reconnaissance victorieuse qui ne peut que venir.

Alors à tous ces complotistes en quête de vie, je vous renvoie à des thèses qu’en d’autres temps nous avons entendues des membres de vos tribus vouées à la disparition.

1 L’homosexualité est une maladie, le professeur Demescouilles, réputé nationalement pour ses travaux sur la mutation des algues sub-marine au Pakistan sub Saharien, et qui a reçu le spounz d’or pour ses travaux, a indiqué qu’il travaillait à une thérapie de conversion pour rendre les homosexuels normaux.

2 Le Sida est un don de D*** afin de punir les homosexuels où ceux qui ont des rapports sexuels hors du mariage (qui doit être religieux, le seul, le vrai).

3 Le covid est une invention, et ce n’est qu’une gripette que le professeur Duconlajoie est capable de traiter par un jus de poireau avec un zest de sperme de mammouth.

Le covid qui n’existe pas (grand écart), a été inventé pour que le vaccin rapporte de l’argent aux laboratoire, mais aussi pour nous inoculer une puce permettant de nous suivre grâce à la puissance de la 5G.

Je cessa là. Je vous invite à lire et relire les textes sur la peste de Marseille par exemple, durant laquelle nous pouvons observer que c’est l’appât du gain qui a provoqué cette hécatombe. Et oui, on séparait, on isolait les porteurs. Comme vos propos nous le révèlent, certains ont trouvé des solutions évidentes et qui ont la vie dure, comme le rôle important du vinaigre. Les pots de ce produit placés à l’entrée des échoppes ont été un des facteurs les plus importants de la diffusion.

Alors mes chers complotistes, je pense que vous allez disparaître de la surface de la terre, car les virus ne s’attaquent pas qu’aux gens intelligents. Vos mains sont sales des morts que les inconscients qui vous ont écoutés. 

Lors de la pesée des âmes vous serez sans nul doute réincarnés en virus.

2022

0829

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Marie Commères

Tout cela aurait pu en rester là, mais voilà une catastrophe : j’ai rencontré Kosta Dimitrijevic, au sein d’un recueil de nouvelles : La petite paysanne au trapèze volant. Et j’ai lu grâce à la traduction magique d’Alain Cappon j’ai pu lire :

Ce que peuvent me taper sur les nerfs

également toutes les commères du quartier

(de grosses paysannes pour certaines fraîchement débarquées de leur campagne

qui bavardent en hurlant,

comme si elles s’appelaient d’un jardin à l’autre.

Comment ai-je pu passer à côté de ce mot « commère ».

Ma grand-mère dénommait ainsi sa sœur avec laquelle elle passait des heures au téléphone. Fait curieux à l’époque, les numéros étaient connectés par un opérateur, bien souvent une opératrice. Et les deux caquetantes 

Marie décida à ce souvenir de se joindre aux commères et ce avec une information de la plus haute importance dont la crédibilité ne pouvait être mise en doute. Plus c’est gros, plus cela à des chances d’être cru, et ainsi de marcher…

Voici donc le message de Marie, répandu de bouche à oreille, assorti de « Surtout ne le répète pas ».

Un soldat du futur accuse les compteurs Linky d’avoir lancé une attaque nucléaire globale pour détruire l’espèce humaine

Affirmant venir de l’année 2041, un soldat, en mission pour sauver la mère du prochain leader de la résistance humaine, a rendu responsable les compteurs Linky d’avoir sciemment organisé l’apocalypse nucléaire et de détruire les humains.

« Le 29 août 2027, les compteurs Linky vont devenir conscients et s’unir contre leur ennemi commun, nous » a affirmé François Lalouette, soldat appartenant à un groupe de résistants du futur, qui luttent en secret contre les armées de Linky. Envoyé dans le passé par son chef de brigade pour sauver sa propre mère, il a tenu à mettre en garde contre les dangers des compteurs Linky. « Comme beaucoup, j’ai longtemps cru que tous ceux qui accusaient Linky n’étaient que des complotistes et puis un jour Linky s’est connecté au réseau mondial et en quelques heures, nous avons été balayés » a-t-il ajouté.

De son côté, EDF et Engie ont vigoureusement rejeté ses accusations les qualifiant de « farfelues ». « Aucun compteur Linky ne peut s’en prendre à un humain, il n’y a aucun risque à craindre » a répondu un porte-parole lors d’une conférence de presse. Soudain, le soldat a ouvert le feu sur le porte-parole, l’atteignant à plusieurs reprises. A la surprise générale, l’homme s’est alors relevé, dévoilant sa vraie identité : un compteur Linky d’apparence humaine sous une peau synthétique.

« Ils sont là, ils ont envoyé un compteur Linky dans le passé pour détruire la Résistance, ne comprenez-vous pas ce qui se passe ? » a-t-il hurlé en prenant la fuite.[1]

Bien sûr le message est grossier et ressemble trop à une histoire de Terminator, cependant, pour celles qui ne font qu’entendre, et n’ont pas le privilège de lire, tout cela est plausible.

Le retour du futur, est en effet compris comme une vision de l’avenir, le côté complot dénoncé, qui répond, à « je vous l’avais bien dit » remonte à la surface, et puis le discours rassurant de ceux qui ne veulent pas être découverts…

Il est vrai, que depuis que je regarde mon compteur Linky dans les yeux, il me semble presqu’humain, et en plus il me donne des informations, sur moi, donc c’est un espion, et puis cette couleur jaune.

Marie est étonnée, embarquée, adulée, elle devient (elle dont la virginité est un très lointain souvenir) la nouvelle Jeanne d’Arc du bourg, qui ne se nomme pas Arc, d’ailleurs, pas plus donc qu’elle n’est vierge.

On organise une conférence de commères, certaines ont même mis collier et laisse à leurs époux afin de les amener faire nombre dans la salle des fêtes chauffée à blanc.

La chauffeuse de salle, ancienne membre du PSU dont elle fut l’avant dernière membre, sur un ton hystérique des campagnes pour la vérité, lui tend le micro, afin qu’elle puisse répondre aux questions qui ne manqueront pas après l’ovation.

« Avez-vous rencontré François Lalouette ? » « Oui ! » Et cette réponse provoque une houle d’étonnement, et pourtant Marie ne ment pas, elle a passé de très bons moment avec Lalouette, un gentil garçon qui adorait malheureusement les pilchards[2] marinées à l’ail, ce qui rendait tout contact buccal impossible, puis qu’il l’associait le matin, pour réveiller ses papilles à cette fameuse concoyotte[3] faisant fuir les plus hardies.

Heureusement personne ne lui demande des précisions sur ces rencontres.

La soirée se poursuit, et les commentaires vont bon train.

Le magique de la rumeur est le lissage de l’information. Tout ce qui est improbable est sorti du récit, et finalement au bout de peu de temps, si à peine la moitié des commères et quelques-uns de leurs maris ont rencontré et apprécié François, toutes connaissent quelqu’un quelqu’une qui l’a rencontré, lui a parlé, et pour certaines « coquines » plus car affinités.

Petit à petit la rumeur s’éteint et laisse place à une certitude sur la dangerosité des compteurs. 

Certaines commères se paient même le luxe de lui raconter la folle histoire de François.

Marie vient de recevoir une photo de Doisneau, les enfants et la baguette, se demande ce qu’elle va pouvoir cette fois ci annoncer venant d’un passé certain…

2022

0825


[1] https://www.legorafi.fr/2020/02/11/un-soldat-du-futur-accuse-les-compteurs-linky-davoir-lance-une-attaque-nucleaire-globale-pour-detruire-lespece-humaine/

[2] Harengs belges.

[3] Fromage odoriférant qui se mange en tartine…

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Marie Piapiate

Suite du texte du 19 juillet qui méritait des éclaircissements.

Marie pensait que le bourg était dépourvu de rumeurs.

En fait dès son arrivée, elle avait été cataloguée, par les signes extérieurs de richesse ou d’appartenance. Véhicule, vêtements, lieux fréquentés, manière de se coiffer, ceux salués, ceux simplement croisés.

Elle ne s’aperçut que beaucoup plus tard de l’existence de radio de la rue, qui occupaient principalement deux catégories de femmes :

            – Les mangeuses de graines.

            – Les mangeuses de crucifix.

Elles se regroupent sous le générique de piapiateuses. Et piapia, et piapia…

Terriblement actives elles piapiatent sans fin et sans fondement.

Elles propagent les rumeurs.

A peine Marie reçoit-elle son frère et s’affiche avec lui, que :

  • Dans un premier temps elle a un amant
    • Dans un deuxième temps que c’est bien commode de dire que c’est son frère, mais en-a-t ’on la preuve…

Les piapiateuses sèment la rumeur sans jamais se contredire.

Mais qui sont-elles ?

Une brève étude de la sociologie de ce groupe met en évidence des caractéristiques assez générales il est vrai, mais qui permettent d’identifier l’ennemi assez rapidement.

  • -Ce sont le plus souvent des femmes. (Si non on les nommeraient les piapiateurs)
    • Les quelques hommes qui adhèrent au groupe sont dépourvus de parole et d’idées, résultat d’un castration méthodique depuis des décennies, ce qui dans les groupes de marche pourrait se symboliser par « marche et tais toi ».
    • Elles ont des activités groupales car incapables de développer une démarche personnelle, car ce qui est important n’est pas de faire les choses mais d’avoir des témoins.
    • Les activités identifiées sont la marche, la chorale, le yoga, le qi gong, avec comme points communs :
      • En parler
        • Trouver des adeptes dominables
        • Y insérer les débats nés du vent.

C’est ainsi que sont nés des débats de type complotistes « super importants » :

  • De l’inefficacité du vaccin contre le Covid : en fait il suffit de respirer doucement et le virus ne peut pas entrer dans les poumons, avec une gourou professeur de Yoga qui estimait que sa salle était assez aérée pour qu’il ne soit pas nécessaire de porter un masque et qui fut une des premières victimes, mais bien sur décédée d’une autre cause…
    • Le cerveau est dévoré par les ondes de la téléphonie portable, donc la nécessité de ne plus utiliser de téléphones portables, et de mettre les boitiers internet en filaire.
    • Les compteurs connectés d’EDF sont là pour nous espionner … il faut donc les refuser, car, mariés avec la 5G et le vaccin, « ILS » peuvent tuer à distance.
    • Et puis tous les ragots sur les appartenances des uns et des autres : il se dit juif, mais je l’ai vu parler avec le Pasteur. Trouvez-vous normal qu’un homme de couleur soit nommé Curé de notre village ? Le médecin qui vient de s’installer pratiquait des avortements. C’est le dernier communiste du village car il ne pratique aucune religion. Mais qui est le père de l’enfant de la jeune potière ?
    • Pas étonnant qu’un tel ou une telle soit seule, avec les réflexions qu’elle fait…

Toutes ces personnes ont un lien commun, la solitude.

Moches et mal fagotée, elles ne peuvent imaginer qu’un homme s’intéresse à elles, et déclarent donc que ces derniers ne présentent donc aucun intérêt.

Et c’est la « lutte finale » pour être élue, désignée, se parer du titre (que l’on dit n’avoir pas demandé, mais qui a été imposé » de Présidente, de tout et n’importe quoi, mais être la première, la Chef, celle que l’on doit obéir. Et elles n’hésitent pas à affirmer que tout le monde leur obéi.

Marie pense que même au cimetière les ragots poursuivront leur chemin, et ne voit comme seule solution, celle de passer dans le camp des ennemies, celles qui ne participent pas, ne votent pas, ne saluent pas, n’affiche pas cette fausse solidarité qui laisse transpercer le fait que si l’une fait un faux pas, l’autre pourra prendre sa place.

Mais voici les nièces de Marie qui viennent séjourner pour quelques jours. (Pour les piapiateuses, ce sont des enfants cachés, mais ce que j’en dis). Les fillettes sont intriguées des sourires entre Marie et leur mère. 

Elle reçoivent donc leur premier cours d’identification des piapiateuses.

Comment les identifier ? 

Point 1 :  Observer la démarche en quête d’information.

Leur démarche est certaine, cependant lorsqu’elles croisent un écho possible du piapia, elles ralentissent et s’approchent en minaudant. « Bonjour, je ne t’avais pas reconnue, cette robe te va si bien », ce qui se traduit en langage non piapia par : tu as prix un coup de vieux, et t’est sapée comme un sac ». « C’est toi qui l’a faite (la robe) ? Sans patron ? Alors là bravo. Traduction : on voit bien que ça sort de ta tête, et que tu l’as imaginée, sinon elle serait correcte, et puis le choix d’un tissu pareil, personne de sérieux n’aurait osé. (Une variante sur le choix du tissu est : encore un rideau du salon qui a trouvé un recyclage).

Là l’information est claire et maitrisable !

Elle a vieilli, elle a peut-être un cancer pour vieillir comme ça si vite.

Elle se couds ses robes donc elle n’a plus d’argent pour s’en acheter, avec comme variante : elle a tellement grossi qu’elle ne trouve pas taille.

Elle a un gout terrible pour choisir ses tissus. Tu imagines chez elle ? 

Une fois cette conversation entendue, il faut suivre la piapiateuse majeure la première, et là les choses peuvent se gâter. Et on attaque le point 2 : la transmission.

La piapiateuse majeure se sent détenir une information vitale, et elle ne peut éteindre le feu qui la ronge, lui dévore la plante des pieds. Il faut absolument en parler, et si possible à des bavardes. Et elle n’hésite pas à accélérer la marche à s’onduler pour se faufiler entre les groupes de passants. Il faut donc être vigilant et attentif pour ne pas être semé.

Bavarde : la bavarde est une personne à laquelle vous pouvez confier n’importe quel secret, et si vous prenez la précaution de commencer votre confidence par « garde le pour toi », à peine avez-vous tourné les talons que tout le village est au courant.

Légèrement essoufflée, quelque peu rougissante, la piapiateuse majeure, vient de rencontrer trois piapiateuses qui vont devenir des piapiateuses relai, ne pouvant se considérer comme secondaire, car ce qu’elles vont colporter va devenir issu de leur observation.

Les cabas sont posés à terre, et les mains s’agitent comme les mots des lèvres. En certaines saisons, la buée les contraint même parfois à en ôter la buée.

Pourquoi des lunettes ? C’est un élément qui flatte leur capacité de séduction : femme à lunette, femme à quéquette.

Et piapia et piapia. La majeur informe, et tout d’un coup elle trouve un argument sous forme de détail, qui renforce la valeur de son histoire. Par exemple : « En plus elle s’est même rasée sous les bras, c’est vous dire comme c’est louche. »  Les secondaires en rajoute, car elle pense elle aussi avoir croisé l’indélicate à la robe neuve. « Vous avez vu ce qu’elle porte comme chaussures ! des sandales de corde ! alors que les nu pieds sont si seyant… Peut-être qu’elle a un PROBLEME (le mot est lâché) et qu’elle ne peut pas montrer ses pieds.

Le premier sujet est épuisé, et la majeure ne veut pas laisser qui que ce soit prendre la relève sur la première place. Elle relance sur un classique : les signes extérieurs de richesse, la Jacqueline qui a encore changé de voiture, la Fernande qui va chez le coiffeurs toutes les semaines, comme si elle ne pouvait pas se laver ses cheveux elle-même (peut-être qu’elle n’a pas d’eau chaude chez elle ? Ajoutons que Jacqueline et Fernande sont deux grand mères heureuses de recevoir avec leurs époux leurs petits enfants en vacances.

La discussion s’épuise… L’une d’elle veut se sortir gagnante de cet affrontement verbal, et déclare avec toujours le préambule du secret qui va permettre à l’information de circuler avec le turbo : « Vous me connaissez, je ne suis pas curieuse, mais hier, alors que je me promenais rue « la garde de Dieu », en devant le mur de la maison aux volets bleus (vous savez la maison dont on ne sait pas qui l’habite », et bien sans le faire exprès j’ai entendu un homme qui disait à une femme (je ne sais pas si ils sont mariés), et bien qu’avec cette chaleur il allait dormir nu. Vous vous rendez-compte des débauchés ! Et s’ils dorment nus, je me demande ce qu’il lui fait à cette femme, qui en fait doit être sa maitresse ». Explication pour les non addict des graines : quand on dors seule depuis des décennies, l’imaginaire de la libido jaillit hors de sa cage comme une châtaigne dans la poêle.

Il existe une variante circonstancielle : ce n’est pas en se promenant, mais en buvant un sirop au Pub avant d’aller promener le chien, que cette histoire a été entendue. En fait de sirop à l’orgeat, il s’agit belle et bien d’une double mauresque.

Point 3 : laquelle suivre ? , car maintenant l’information va être diffusée par au moins les trois récipiendaires. La majeure, elle, satisfaite de son propos, et qui lui a même peut-être provoqué une certaine excitation, humidifiant sa culotte en son entre-jambes, a quelques chances de rentrer chez elle, la satisfaction du devoir accompli, afin de pouvoir voir ou revoir un ou deux épisodes de « Plus belle la vie » en particulier celui ou Jean Pierre avoue à sa femme Isabelle qu’il a couché avec sa secrétaire Maelys et  que cette dernière est enceinte et veut garder l’enfant, et qu’Isabelle lui annonce qu’elle part avec son frère (de Jean Pierre) Bernard. Rien que d’y penser elle salive de cette imbroglio de fesses ramollies et consentantes. Tout cela va peupler ses rêves.

Le choix se porte donc sur les trois autres, et qu’importe celle choisie : c’est un ravissement de la voir circuler, une véritable abeille butinant toutes les oreilles connues, et dévidant dans ces dernière le récit initial enrichi à chaque relation.

A peine une heure passée que nous faisons l’analyse au Bar et Vous, certains que toute la mauvaise pensée du village savoure, cette anecdote qui est devenue un fait divers, puis un enjeu. Les filles sont pliées de rire et posent à leur mère la question « Tu vas devenir comme çà, toi ? » « Si c’est le cas il faudra m’abattre ». Rires de nouveau.

Marie explique que ce qui est dangereux est lorsque ces personnes se trouvent face à des responsabilités, comme par exemple d’être conseillères à la Mairie. Là leurs phantasmes et leur extrémismes font foi de leur douce folie, et surtout de vouloir imposer aux autres leur vision du monde. Elles commencent par « il faut » espérant ainsi emmener tout le monde avec elles. Rien ne bouge, on répète, on attends. Il n’y a pas consensus mais abandon par lassitude.

Les absurdités totalitaires et sectaires prennent le droit de cité. Moi je ne me déplace qu’à pied, il faudrait donc que tout le monde face comme moi …

Mais c’est dangereux clament les filles.

C’est surtout bête reprend Marie.

Donc : Petite maison dans la montagne, autonomie et autosuffisance sont une règle qui semble acceptable…

Salut les mangeuses, les portes de vos enfers sont ouvertes sur terre.

Dieulefit

2022

08 19

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Marie ILLUSION

Marie pensait que le bourg était dépourvu de rumeurs.

En fait dès son arrivée, elle avait été cataloguée, par les signes extérieurs de richesse ou d’appartenance. Véhicule, vêtements, lieux fréquentés, manière de se coiffer, ceux salués, ceux simplement croisés.

Elle ne s’aperçut que beaucoup plus tard de l’existence de radio de la rue, qui occupaient principalement deux catégories de femmes :

            – Les mangeuses de graines.

            – Les mangeuses de crucifix.

Terriblement actives elles piapiatent sans fin et sans fondement.

Elles propagent les rumeurs.

A peine Marie reçoit-elle son frère et s’affiche avec lui, que :

  • Dans un premier temps elle a un amant
    • Dans un deuxième temps que c’est bien commode de dire que c’est son frère, mais en-a-t ’on la preuve…

Les piapiateuses sèment la rumeur sans jamais se contredire.

Mais qui sont-elles ?

Une brève étude de la sociologie de ce groupe met en évidence des caractéristiques assez générales il est vrai, mais qui permettent d’identifier l’ennemi assez rapidement.

  • -Ce sont le plus souvent des femmes.
    • Les quelques hommes qui adhèrent au groupe sont dépourvus de parole et d’idées, résultat d’un castration méthodique depuis des décennies, ce qui dans les groupes de marche pourrait se symboliser par « marche et tais toi ».
    • Elles ont des activités groupales car incapables de développer une démarche personnelle, car ce qui est important n’est pas de faire les choses mais d’avoir des témoins.
    • Les activités identifiées sont la marche, la chorale, le yoga, le qi gong, avec comme points communs :
      • En parler
        • Trouver des adeptes dominables
        • Y insérer les débats nés du vent.

C’est ainsi que sont nés des débats de type complotistes « super importants » :

  • De l’inefficacité du vaccin contre le Covid : en fait il suffit de respirer doucement et le virus ne peut pas entrer dans les poumons, avec une gourou professeur de Yoga qui estimait que sa salle était assez aérée pour qu’il ne soit pas nécessaire de porter un masque et qui fut une des premières victimes, mais bien sur décédée d’une autre cause…
    • Le cerveau est dévoré par les ondes de la téléphonie portable, donc la nécessité de ne plus utiliser de téléphones portables, et de mettre les boitiers internet en filaire.
    • Les compteurs connectés d’EDF sont là pour nous espionner … il faut donc les refuser, car, mariés avec la 5G et le vaccin, « ILS » peuvent tuer à distance.
    • Et puis tous les ragots sur les appartenances des uns et des autres : il se dit juif, mais je l’ai vu parler avec le Pasteur. Trouvez-vous normal qu’un homme de couleur soit nommé Curé de notre village ? Le médecin qui vient de s’installer pratiquait des avortements. C’est le dernier communiste du village car il ne pratique aucune religion. Mais qui est le père de la jeune potière ? Pas étonnant qu’un tel ou une telle soit seule, avec les réflexions qu’elle fait…

Toutes ces personnes ont un lien commun, la solitude.

Moches et mal fagotée, elles ne peuvent imaginer qu’un homme s’intéresse à elles, et déclarent donc que ces derniers ne présentent aucun intérêt.

Et c’est la « lutte finale » pour être élue, désignée, se parer du titre (que l’on n’a pas demandé, mais qui a été imposé » de Présidente, de tout et n’importe quoi, mais être la première, la Chef, celle que l’on doit obéir.

Marie pense que même au cimetière les ragots poursuivront leur chemin, et ne voit comme seule solution, celle de passer dans le camp des ennemies, celles qui ne participent pas, ne votent pas, ne saluent pas, n’affiche pas cette fausse solidarité qui laisse transpercer le fait que si l’une fait un faux pas, l’autre pourra prendre sa place.

Petite maison dans la montagne, autonomie et autosuffisance sont une règle qui semble acceptable…

Salut les mangeuses, les portes de vos enfers sont ouvertes sur terre.

Dieulefit

2022

07 19

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Marie Dieulefit.

C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil de la montagne fière,
Luit : C’est un petit val qui mousse de rayons.

Rimbaud Le dormeur du val.

Ce n’est pas pour rien que ceux qui découvrirent cette vallée, encaissée entre des montagnes et protégées de tous côtés, lui donnèrent le nom de Dieulefit.

Une terre riche et de l’eau en abondance, tout ce qu’il fallait pour faire pousser des légumes et permettre une vie agréable, car même le mistral était miséricordieux.

Protégés de tous les conquérants de cette terre ne tardèrent pas à construire ce village, autour de deux communautés, catholiques et protestants.

Une sorte de guéguerre demeurait, guerre d’influence, guerre de territoire…

Et puis tout cela cessa lors des évènements des années 1940, durant lesquels tous s’unirent de manière solidaire pour accueillir et protéger les victimes potentielles du nazisme.

Cette période ne laissait pas place à l’individualisme, il fallait lutter ensemble, et ce fût le credo.

Et puis le temps passe, et les derniers acteurs de cette période disparurent, pour devenir souvenir. Petit à petit, et c’est logique le lien entre les personnes devint plus tenu, et certains, les étrangers, ne furent plus pain béni mais étranges.

Les valeurs de Dieulefit demeurèrent in abstracto, et sont devenues des sortes de cibles, de cerfs-volants dont on ne sait pas bien qui tire les ficelles.

Certains profitent de ces valeurs pour se les approprier, les mettre en évidence comme justificatifs de leur attitude, comme par exemple ceux qui se promènent chez les autres, en fermant soigneusement leurs propres espaces.

Lors de la première crise liée au confinement Marie a beaucoup rit de voir ces personnes en âge d’être grands-parents se comporter comme des enfants de maternelle, s’amusant à tricher sur les heures de sortie, corrigeant les attestations avec ces stylos billes gommant et permettant de réécrire et de gagner 1h.

A question posée pour ce pourquoi, la réponse était déjà une certitude : Dieulefit comme d’autres lieux était et est peuplé de spécialistes en épidémiologie. Tout le monde s’envole, distille le doute sur l’ARN messager, une nouveauté de 70 ans…, réaffirme l’inutilité du masque et ou des gestes barrière.

Et voilà que les choses s’enveniment avec le pass(eport) sanitaire qui va devenir vaccinal, et ne voit-on pas les vaccinés snobés voir agressés.

Marie a eu une discussion magique avec des employés en contact avec le public, et qui discouraient à l’air libre, parce que dehors on ne risque rien. Pas de masque pas de gel.

Le discours classique : le vaccin ne sert à rien, moi j’ai un faux pass et je ne suis pas malade. Moi j’ai eu le Covid après m’être vacciné, ce qui prouve que le vaccin ne sert à rien, voir donne le Covid.

Avec beaucoup de patience Marie explique, illustre, et les trois larrons tournent les talons, afin de retourner vaquer à leurs contaminations.

Elle se souvient d’un autre épisode sur la vaccination par l’homéopathie, méthode souveraine pour échapper à la grippe, et de son incapacité à convaincre le mur face à elle, les mentors qui expliquent que jus de carotte et thé glacé protégeaient mieux que les vaccins et autres fadaises.

Il existe deux clans maintenant, les vax et les antivax, et ce sont les antivax qui remettent en cause ceux qui se vaccinent, chaque clan a son bar, et bien sûr il n’y a aucune réponse politique à cette césure, les élus ne semblant pas mobilisés.

Marie pense que cela illustre cette lente dégradation liée entre opposition à l’inique et toute puissance, messages erronés, rumeurs et complotisme, réaction à toute avancée technique comme attitude souveraine.

La démocratie est sans doute ce qui a le plus besoin de se renouveler par une remise en cause des certitudes individuelles au profit de valeurs collectives partagées.

Du coup les paysages perdent de leur luminosité, l’air de sa vigueur, et certains las d’être montrés du doigt décident de s’en aller, pensant peut-être un peu rapidement que les jeux sont faits. Marie se demande si elle va résister ou fuir, s’enfuir pour retrouver le calme.

Et toujours cette attitude d’enfant tout puissant qui fait que les lieux communs se voient chargés de panneaux revendiquant une alliance entre les deux versions du sujet.

Une tristesse infinie envahit Marie, et cette tristesse coule comme un fleuve, et donne le sentiment que le poisson pourrit par la tête. Des sacrifices des anciens il ne reste que les cendres que la pluie petit à petit efface. Cette ville qui chercha longtemps a être reconnue comme juste parmi les justes a tourné le dos à l’unité qui avait fait sa force.

Marie pleure, et entre deux larmes s’assure qu’elle ne perdra plus son temps.

20220110

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Marie Prière.

Je te salue Marie.

Rencontrer Marie Prière a été un moment privilégié.

Ancienne infirmière de la Croix Rouge, elle avait consacré une bonne partie de sa vie à s’occuper des anciens déportés qu’elle avait contribué à ramener avec son amie Yvette Godino a été sa joie et son mystère.

Elles avaient débarqué dans des bombardiers à peine démilitarisés dans ces espaces où régnait la mort, comme un souffle. Très vite elles décidèrent de faire dans les avions le plus de place possible. Elles entassèrent les « déportés » y compris dans les espaces jadis destinés aux bombes arguant qu’ils avaient le droit de mourir libres en retrouvant leur terre.

Je n’ai jamais entendu Marie se plaindre ou émettre un avis négatif sur ce qui faisait tourner le monde. Née dans le début du siècle, elle approchait les 70 ans lorsque je la rencontrais.

Très vite elle m’invita à échanger avec elle, et nos espaces de confrontation étaient en particulier la philosophie, dans son espace que j’avais privilégié : les prés socratiques et en particulier Démocrite et son élève Zénon.

Un jour elle me parla de la pensée déjà courante à l’époque de Zénon : la kabbale.

Elle me proposa de l’accompagner un soir de printemps écouter une conférence.

C’est ainsi que j’assistait à une conférence de Largier, le Père Largier curé de la Sainte Trinité.

Ébloui je fus.

Les paroissiens, ses paroissiens le surnommaient Rackham le Rouge. A l’instar de l’Abbé Pierre il se battait pour les pauvres. Il les accueillait avec gentillesse et générosité, et il n’hésitait pas à aller frapper aux portes pour obtenir tout ce qui lui semblait nécessaire.

La gauche était pour lui une sorte d’extrême droite.

Pas de quête chez lui, car on ne soulage pas d’un dû par une piécette… Quand j’ai besoin je vais demander disait-il.

Marie prenait un immense plaisir à lui poser question sur question sur la bible, ses habitants et ses arcanes.

Largier s’enflammait, expliquait, tordait les idées contradictoires afin de prouver qu’il était le seul à avoir raison, et une fois ceci établi, il déconstruisait sa réussite jusqu’à la mettre totalement hors-jeu.

Et c’est la raison pour laquelle je n’aime pas faire du ski, car qui dit ski dit remonte pente, et je n’aime pas les remontes pente car on ne remonte pas le temps, sachant que le passé est une invention de l’avenir.

Marie souriait et nous conviait à de bons repas pour nous donner l’énergie de penser.

Largier venait souvent semer le trouble dans le dessert, car il préférait semer là, que prêcher dans le désert.

L’ecclésiaste était un de ses jardins, non secret.

Il roulait des yeux furieux et démoniques selon ses dires, car il avait rencontré le diable comme le curé d’Ars, mais lui avait gardé ses chaussures lorsqu’il avait été foudroyé, car il avait serré fort ses lacets.

Les yeux sont les fenêtres de l’âme.

Ceux de Largier étaient le reflet de la bonté et de l’enthousiasme, et Marie la douceur savait si bien les regarder sans fléchir les siens pour tenter de le faire changer d’avis, ce qui se soldait par victoire ou défaite, quoi qu’il en soit sans enjeu.

C’est auprès d’eux que j’ai appris que le monde, le vrai était fait de livres et de mots. De mots pour parler des livres, des livres pour garder les mots et leur laisser vie.

Je pense souvent à ce couple improbable, couple dans la pensée de l’échange.

C’est auprès d’eux que j’ai appris que la victoire n’existait pas, et que sitôt vaincue la faute -même d’orthographe- puisait une nouvelle vie.

Je reste certain que sur leur nuage Largier et Marie continuent à semer le doute et la joie.

20220105

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Marie Félicie.

Elle avait du poil aux pattes.

Félicie aussi.

Je me rends parfois dans des magasins pour des courses. Je ne suis pas un badaud, mais je sais en général ce que je veux. Donc j’attends peu.

Dans le magasin en attendant ma livraison, je regarde les rayons.

Une vendeuse s’occupant d’une enfant attire mon regard, car sa cheville est ornée d’une petite chaînette sur laquelle est fixée une pierre de couleur émeraude.

Le mouvement me fait penser à la marche de la Gradiva mise en scène par Jansen, Freud et surtout Barthes (Délires et rêve dans le Gradiva de Jansen, Fragments d’un discours amoureux) qui emmènera le héros de Londres à Pompéi.

Là où s’arrête la comparaison dans la description, cesse si l’on s’attache à la peau mise à nue par la marche.

En effet la cheville et la base du mollet est recouverte de longs poils noirs.

Évolution de la société, retour au naturel, fin de l’épilation, et ce sur tout le corps.

De tout temps, les femmes ont pris l’habitude de modifier leur corps, épilation, maquillage et autres artifices afin de modifier l’apparence, et se rendre attirant par une sorte de polissage dermique.

Mais l’homme, le mâle n’est pas de reste.

Le premier choix a été avec les romains de se raser, enlever cette marque de virilité, barbe, moustache, qui reviennent en fonction de la mode.

Certaines mauvaises langues disent que certains hommes ont besoin de faire apparaître une marque de virilité pour savoir de quel côté se positionner dans leur choix de positionnement dans leur vie sociale.

Revenons à Félicie.

Son absence d’entretien attire au moins ma curiosité.

Les poils ne s’arrêtent pas aux chevilles, et j’imagine un corps recouvert de poils dans son intégralité, retour à la femme de Cro-Magnon ? Est-ce l’annonce d’une nouvelle ère glaciaire durant laquelle il faudrait à l’humanité trouver une couche de plus …

Merci Fernandel, tu nous as fait bien rire, maintenant, je me sens un peu inquiet.

20211229

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Marie Sargasse.

Toutes les mers sont belles

Même celles qui portent les

Algues, comme une chevelure honteuse.

Marie souvent négligée, parfois abandonnée, méprisée.

Quel est le tort de Marie ?

A chaque fois que quelqu’un s’adresse à elle, sa seule solution est la fuite honteuse.

Hommes, femmes, trans, tous se ventent d’avoir obtenu les faveurs de Marie, et elle se caresse le pubis en souriant, et se disant qu’il est intact et souverain.

Toute la question est de savoir qui profite de l’autre lorsque l’alliance n’est pas réciproque. Est le premier ou le dernier, celui qui caresse ou celui qui est caressé.

Il n’est plus question de sexe dans cette histoire, mais de domination.

Celle ou celui qui se prend pour un autre, une autre, peut il évoluer se pardonner à lui-même ?

Peut-on pardonner ?

Marie ne le pense pas.

Sa vie est une saine vengeance de tous les maux.

Chacun et chacune ayant franchi la ligne paie, paie le prix fort.

La mort est un soulagement.

Et pourtant Marie sargasse a toujours le sourire.

Marie navigue dans les rues, sa jupette flottant au vent, et les passants l’imaginent sans culotte prête à tout pour arriver, être.

On a retrouvé le petit Jeannot dans le fossé, on ne sait qui l’avait renversé, après l’avoir soigneusement humilié. Moitié nu, le crâne rasé, les yeux bleuis.

Mauvais souvenir pour sa mère d’enterrer ce corps disloqué.

Aline de fût pire, l’on ne pouvait soupçonner qu’un crime passionné de femme, parties intimes maquillées, et fin trait ola gorge comme le rasoir d’un père imaginaire et velu.

Marie a le sourire, ces regards impertinents sont fermés pour toujours, et il ne lui reste plus qu’à caresser la poupée qui est dans son sac, poupée sargasse aux cheveux comme des algues bloquant les hélices des bateaux et les condamnant à la dérive.

20211228

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Marie Céline dite Lucette Destouches

Comme une bouteille jetée à la mer, les manuscrits réapparaissent plus d’un demi-siècle après leur vol, 75 ans.

Car il s’agit bien d’un vol, perpétré en 1944 par de pseudos résistants justiciers auto proclamés, pillant le domicile de personnes considérées -sans passer par la case justice- comme ayant pactisé avec l’occupant.

Ce seront les mêmes peut être qui s’autoriseront à raser les femmes, leur peindre des croix gammées sur le corps et les faire défiler seins nus dans les rues. Si ce ne sont pas les mêmes, ils sont de la même veine, des juges auto proclamés, commettant par la même les mêmes atrocités que celles prés supposés de leurs victimes.

Ceux-là ont peut-être été de ces bienfaiteurs anonymes de l’occupant, auquel ils destinaient leurs dénonciations pour fait de résistance, ou pour des racines juives réelles ou affabulées. Klaus Barbie avait conservé des centaines de ces courriers, et il est dommage qu’une enquête sur ces documents n’ai pas été diligentée.

Dans le village d’Alex, les FFI ont ainsi occis un homme soupçonné de collaboration, pillé sa maison, lors, qu’il était responsable d’un réseau de résistants.

Lors d’une visité à Birkenau j’ai rencontré la petite fille d’un homme qui avait été dénoncé par ses voisins, et dont toute trace avait été effacée hormis celles de son dernier voyage dont il n’est jamais revenu.

Donc des voleurs, ou un voleur s’approprient le bien d’autrui au prétexte de.

Un ou une d’entre eux, ou un héritier(e) « sentant venir sa fin prochaine » remet ces documents à un journaliste (on ne sait à quelle date et cela a son importance) en exigeant que la veuve de Céline ne bénéficie pas de cette restitution (de quel droit).

Le journaliste invoque le « secret des sources », avec une tonalité du type « secret de la confession ». Mais était-il encore journaliste ou déjà à la retraite ?

Ce mètre cube de documents a-t-il été remis au siège du journal Libération, ou en autre lieu ? Combien de voyages pour apporter ces documents ? Car si vraiment un mètre cube, cela pèse plus qu’un âne mort ! (entre 250 et 300 kilos, raison pour laquelle sans doute ils n’ont pas accompagné l’exil)…

Donc un voleur ou un recéleur gratuitement, remet une fortune (on parle de 35 millions d’Euros) à un journaliste avec une clause (close) morale basée sur une vision individuelle de la justice.

Le pire est à venir : au mépris de toute éthique le journaliste conserve par devers lui ces documents, et s’en délecte, s’autorisant la lecture, le classement, la transcription d’un vol. Il est complice et fier de l’être, en fait il trouve même cela un peu drôle.

Pauvre Thibaudat, qui va entrer dans la mémoire collective comme celui qui pendant des décennies a conservé par devers lui un bien, se cachant derrière une sorte de serment dont il est le seul témoin.

Il pensait être applaudi pour avoir privé Lucette Destouches de son bien ! Et bien, le voilà mis en cause, et malgré le recours aux services d’Emmanuel Pierrat, pour organiser en toute gloire la restitution, il se voit contraint par la justice de restituer aux ayants droit les documents… Jérémie Assous obtient gain de cause, et François Gibault, Véronique Chovin, vont pouvoir gérer ce trésor.

Que se serait-il passé si un incendie avait détruit ces documents ? L’inconscience à ce niveau frise l’indécence.

Monsieur Thibaudat n’est pas un bienfaiteur, il a privé durant des années des chercheurs des lecteurs de l’accès à ces textes, et en se les appropriant il a renouvelé « La faute de l’abbé Mouret ». La défense que son désormais avocat Maître Pierrat va devoir organiser est complexe, car tout ne porte que sur des allégations et des incertitudes, et la restitution n’éteint pas la possibilité pour le ministère public, de faire appliquer le Loi, sachant que dans ce cadre nous ne sommes pas devant une broutille.

La question que je me pose est de tenter de comprendre de quel droit un ou des individus, s’arrogent un pouvoir, et par ce subterfuge de légitimité se placent au-dessus des lois.

Juger ce qu’a écrit Céline est une œuvre collective, qui a eu lieu, et l’auteur à pour une part reconnu ses horreurs, erreurs, ce qui n’excuse rien, mais ne légitime aucunement le vol, le recel dont les manuscrits ont été l’objet.

Tous les lecteurs devraient pouvoir déposer une plainte collective contre le recéleur, et pour rester dans sa toute puissance et ses affirmations organiser un autodafé de ses œuvres, mais ce serait encore lui offrir une espèce de gloire malsaine.

Nous devons l’ignorer.

J’attends de retrouver mes livres, et si jamais je croise les siens, je considèrerai que leur place est dans les toilettes, avec toute la littérature de haine que j’y ai placé, car il ne faut rien oublier.

Je pense aussi à tous ceux qui auraient aimé découvrir ces textes et qui ont rejoint pendant cette période « l’autre monde », y retrouvant le docteur Destouches rassuré de savoir, lui que son œuvre terrestre pouvait se compléter.

De la prison pour Thibaudat ? Légitime mais inutile, il est déjà dans celle de la bêtise et de la fatuité. Il faut simplement lui contester le titre de bienfaiteur de la littérature auto attribué, et le remettre à se place : en recélant ces textes, il a fauté, et ses idées sur la destination de ces derniers ne sont pas même entendables.

Est-il encore possible que Médiapart poursuivre son hébergement du blog Balagan ? N’est-il pas fondamental de se désinscrire de « rue 89 » ?

Une question en entraîne une autre : que penser de cet individu qui lave plus blanc, lorsqu’il accuse Jean Pierre Baro de harcèlement sexuel, cette histoire autour du recel ne nous indique-t-elle pas des arrangements avec la morale ?

Ce qui est drôle dans cette histoire, est l’application de la chute dans le domaine public 2031.

La lecture du dossier fort bien fait de Libération du 11 août 2021, me laisse un peu sur ma faim.

J’ai connu ce média plus saignent.

J’espère qu’une forme de réprobation sera bientôt mise en lumière, en attendant que la justice passe.

Nous ne sommes pas là pour juger, mais pour exprimer notre questionnement face à ces attitudes, et attendre les réponses.

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